A partir de 2010, la représentation plastique de l'esprit prend plusieurs formes dans la série des travaux F. .
Soit une forme figurative, vaporeuse, qui ne représente pas le corps mais l’esprit et qui vient imprégner la matière; soit sous la forme de strates comme des univers parallèles; ou encore sous une forme plus conceptuelle mais toujours confrontée à la matière.
Ma démarche vise toujours à établir un lien entre la nature et la culture, s’approcher au plus près de la fusion entre le corps et l’esprit. Le corps c’est la matière, la matière le sol, et dans mes toiles, des cendres, du charbon de bois, des pierres…
L’esprit, c’est la lumière, la lumière la couleur, et dans mon travail des pigments. Lorsqu’elle est présente, la figuration n’est pas représentative du corps, mais bien de l’esprit. Elle en donne une forme vaporeuse, presque fantomatique, qui vient habiter la matière (le corps).
L’esprit est-il un principe spirituel détachable du corps, s’il s’agit de l’âme et si on l’aborde d’une manière religieuse ou un principe pensant empirique et élitiste de l’animal, si on l’envisage d’une manière scientifique ? Est-ce la matière qui crée l’esprit ou l’esprit qui vient imprégner la matière ?
Dans les pièces de la série F. à partir de 2010, cette recherche est rendue par un travail en profondeur, grâce à plusieurs strates comme un univers en mille feuilles. Le corps et l’esprit ne se situent pas sur un même plan, c’est l’œil qui en les observant les réunit et peut en faire une entité.
Ces travaux ne sont ni des peintures, ni des sculptures, ni des deux dimensions, ni des trois dimensions, mais le fruit d’une démarche autre, où la notion d’espace et la notion de temps sont différentes.
A l’inverse d’autres formes plastiques existantes dont le sujet se situe en surface et sur laquelle le regard vient toujours taper, il ne s’agit plus de faire émerger les choses, de l’intérieur vers l’extérieur, mais de pénétrer la forme pour ouvrir d’autres dimensions.
Ici l’objet n’interrompt pas le regard. L’intériorité devient le sujet même de la démarche.
Plus je travaille plus je m’aperçois que je ne vois pas les choses mais les ressens; je ne suis pas un peintre de la vision mais de la pénétration.