« C’est un travail intime, j’ai toujours eu l’impression de pouvoir pénétrer la matière. J’entretiens avec elle un rapport très particulier, presque privilégié. Je la confronte ou lui associe une représentation plastique de l’esprit. Pour le comprendre, je m’aide de l’astro-physique, de la philosophie, des mathématiques… bref de tout ce qui est le fruit de l’homme culturellement, ce qui le différencie des animaux et qui pourrait donner un sens à sa vie d’humain, confronté à l’univers qui l’entoure. » Eric Béridon
Sculptures


Sans titre – 6 pièces (Pierre ocre du Luberon, métal)
Galerie Bowman – Londres – 2006
Sans titre – 9 pièces (Pierre ocre du Luberon, métal)
Rencontres des Toiles, Ménerbes – 2008
Dans ses premiers travaux de sculpture, Eric Béridon minimise volontairement son intervention à un travail en creux des pierres et à leur assemblage avec le métal pour laisser à la nature et à la matière leur pouvoir créatif. Les pierres viennent du Vaucluse, de la région des ocres et sont associées à des métaux oxydés. Pierres et métaux ont une origine commune : l’oxydation, représentative du temps qui passe, de la vieillesse, de la mort. La lumière naturelle révèle des visages en creux comme des âmes fossilisées, matérialisant l’intemporel. La matière intervient autant que l’artiste dans le processus de création.
Série F.



F18 – Technique mixte – 2008
F37 – Technique mixte – 2010
Crédits © Laurent Barnavon
F61 – Technique mixte – 2013
Dans cette série débutée en 2005, Eric Béridon conserve l’essentiel de ses premiers travaux en trois dimensions (sculptures), à savoir, laisser à la nature son pouvoir créatif, tout en réduisant au maximum son intervention.
Il poursuit la même quete: réunir dans le processus créatif le corps et l’esprit, la nature et la civilisation et non pas les opposer.
Le feu comme la rouille est un processus de destruction naturel. Il contient aussi le paradoxe de la vie et de la mort, de l’obscurité et de la lumière, du noir et de la couleur. Ainsi, l’artiste limite son intervention au prélèvement de la matière, directement sur le sol (des empreintes de restes de feu aux dessins sont aléatoires et représentant le corps), à l’ajout de pigments de couleur (matérialisant l’esprit) et à la présentation de la toile à la verticale, ce qui altère la position naturelle du feu; la perception du regardeur s’en trouve modifiée.
On entre dans la matière comme dans une empreinte de nous-mêmes..
« L’esprit est-il un principe spirituel détachable du corps, s’il s’agit de l’âme et si on l’aborde d’une manière religieuse ou un principe pensant empirique et élitiste de l’animal, si on l’envisage d’une manière scientifique ? » A partir de 2010, cette recherche est rendue par un travail en profondeur, plusieurs strates comme un univers en mille feuilles. Corps et esprit ne se situent pas sur un même plan, l’œil en les observant, les réunit pour en faire une entité. Ces travaux ne sont ni des peintures, ni des sculptures, ni des deux dimensions, ni des trois dimensions, mais le fruit d’une démarche autre, où la notion d’espace et la notion de temps sont différentes. A l’inverse d’autres formes plastiques existantes dont le sujet se situe en surface et sur laquelle le regard vient toujours taper, il ne s’agit plus de faire émerger les choses, de l’intérieur vers l’extérieur, mais de pénétrer la forme pour ouvrir d’autres dimensions. Ici l’objet n’interrompt pas le regard. L’intériorité devient le sujet même de la démarche.
« Est-ce la matière qui crée l’esprit ou l’esprit qui vient imprégner la matière ? La question reste au centre de la démarche de l’artiste. Pour l’aborder il lui faut tendre vers un travail non pas additif, mais soustractif, un travail d’épuration. Les pièces de la série F. depuis 2012 reflètent un travail de contrastes :
– contraste de forme entre la matière (l’empreinte des restes d’un feu) et le travail plus conceptuel (les lignes sécantes) assimilé à l’esprit.
– contraste de texture entre l’aspérité de la matière et l’aspect lisse des pièces géométriques.
– contraste de tonalité, noir du charbon de bois et blanc des formes géométriques.
– contraste de luminosité entre les éléments dans l’obscurité et ceux dans la lumière.
Medium à part entière, la lumière intervient dans les travaux de la Série F, incarnant le lien entre le matériel et le spirituel, l’instinctif et le cognitif. Elle n’apparait jamais directement au regard, elle se situe « entre » les éléments, crée une vibration comme une énergie propre au tableau.
Travaux sur Papier


Sans titre – Charbon de bois sur Papier ARCHES® – 2024
Sans titre – Charbon de bois sur Papier ARCHES® – 2024
De ces œuvres minimalistes, constituées de petits grains de matières (charbon de bois, métal oxydé, pigments) dispersés et fixés sur la feuille (papier ARCHES®), semble émerger une lumière. Cette série née en 2023 constitue une nouvelle voie dans le désir de l’artiste d’aller vers un travail le plus épuré possible, tout en restant fidèle à l’axe de ses recherches, c’est-à-dire, traquer l’essence de la vie au-delà de l’existence. Ces travaux conservent le dessin aléatoire des empreintes de feux éteints des travaux de la Séries F. , tout comme leur aspect vibratoire obtenu par des LEDs.